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En France, le droit d’asile recule

Ce podcast « en France: le droit d’asile recule » donne la parole à Judith et Mohamed, travailleurs sociaux dans un centre d’hébergement pour demandeurs d’asile, et à Mustapha, originaire d’Afghanistan, en demande d’asile depuis 3 ans.


Rencontre avec Diallo, demandeur d’asile

Ce podcast a été réalisé dans un accueil de jour pour demandeurs d’asile, les Amarres, il donne la parole à Diallo, un jeune guinéen.


Mathieu Ehret, jeune producteur de spiruline en Dordogne

Ce podcast a été réalisé à Montagnac la Crempse, en Dordogne, à la rencontre d’un jeune producteur de spiruline. En-dessous également, un article sur le même sujet.

« J’ai eu envie de passer de l’autre côté » : c’est la rencontre avec le premier producteur « d’or vert » en France qui a décidé Mathieu Ehret à se lancer dans la culture de la spiruline alors qu’il travaillait dans le développement local.

Avec sa compagne Mathilde, ils se sont installés en 2019 dans ce hameau de Dordogne et y ont monté seuls leur site de production, le Petit Spirulinier[1]. « Nous avons voulu nous installer par nos propres moyens, progressivement, sans obligation de surproduire pour rembourser des emprunts lourds ». Le couple a aussi bénéficié d’une aide à l’installation du département.

UN ALIMENT TRADITIONNEL DEPUIS DES MILLÉNAIRES

La spiruline est une cyanobactérie vieille de 3,5 milliards d’années, autrement dit l’un des premiers micro-organismes vivants sur terre. Son seul point commun avec l’algue, à qui on l’apparente à tort, est de vivre dans l’eau. La bactérie, comme les plantes, se multiplie par photosynthèse dans une eau chaude, alcaline et riche en nutriments minéraux.

Contrairement à la plupart de ses sœurs cyanobactéries, la spiruline n’est pas toxique. Elle est même connue pour ses propriétés qui boostent la vitalité ou le système immunitaire, et retardent le vieillissement des cellules. Sa richesse nutritionnelle est unique au monde : elle contient de nombreuses vitamines, des protéines, du fer ou encore des oligo-éléments.

Les tribus du lac Tchad et les Indiens des Andes en collectent depuis des centaines d’années. L’Organisation Mondiale de la Santé l’a classé en 1974 « meilleur aliment du 21ème siècle pour l’humanité » et, en Afrique, elle entre dans de nombreux programmes de lutte contre la malnutrition. Alors qu’un dixième de la population mondiale souffre chroniquement de la faim, son potentiel est énorme.

En France, la spiruline a été « redécouverte » il y a une vingtaine d’années mais sa production reste mal encadrée. Le marché mondial est inondé de spiruline développée à grande échelle dans des conditions artificielles qui lui enlèvent une partie de ses propriétés alimentaires. L’enjeu est donc important : produire de la spiruline de qualité dans des conditions proches de ses bassins naturels, de façon à conserver toutes ses qualités nutritives.

UNE CULTURE DE L’EXIGENCE  

Très vite, Mathieu et Mathilde se sont rapprochés de la Fédération des spiruliniers de France[1], qui compte environ 150 adhérents. Elle défend une culture paysanne raisonnée et écologique. « La spiruline est utilisée comme un complément alimentaire mais reste un produit agricole primaire » explique Mathieu.

La bactérie est cultivée sous abri. Au Petit Spirulinier, les deux serres d’environ 400 m2 abritent des grands bassins d’eau verdâtre alimentés en sel, bicarbonate ou magnésium, pour que la spiruline s’y développe. Dès qu’elle atteint une certaine taille, elle se divise et doit être prélevée régulièrement pour ne pas rester trop serrée en bassins.

Il faut en-effet faire attention aux contaminants, qui proviennent essentiellement d’autres cyanobactérie « qu’un seul coup de vent peut amener dans nos bassins » rappelle Mathieu. Pour les limiter et rester dans les normes imposées par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail, Mathieu vide ses bassins chaque année pour repartir sur une nouvelle souche, perdant au passage quelques mois de production.

LABEL BIO OU PAS, UNE PRODUCTION ÉCO-RESPONSABLE

La spiruline est une culture éco-responsable par nature, elle contient deux fois plus de protéines que la viande bovine mais requiert au moins dix fois moins d’eau que n’importe quelle autre culture, sur une surface de production limitée. Grâce à la photosynthèse, elle produit de l’oxygène en quantité et ne rejette aucun gaz.  Rien dans les bassins n’est mauvais pour l’environnement : « on utilise très peu d’intrants et très peu d’eau, même si chez nous, pour des raisons sanitaires, l’eau doit être potable ». Mathieu consomme à peu près 200 m3 d’eau par an, l’équivalent de la consommation annuelle d’une famille de quatre personnes.

Alors certes, le Petit Spirulinier n’est pas labellisé bio mais, comme le résume bien Mathieu « est-ce que ça a du sens de mettre un label AB alors qu’écologiquement on ne peut pas faire mieux ? ». Car le cahier des charges bio, tout récent, impose des apports azotés organiques, de sources végétale ou animale, qui ne sont produits pour l’instant qu’à toute petite échelle en France : il faut donc importer du nitrate du Chili ou un engrais à base de soja cultivé au Brésil. Pas très écologique…

Quelques producteurs bios français se sont pourtant lancés. L’intérêt est avant tout commercial mais, sans une vigilance accrue de la puissance publique, cela pourrait exacerber la concurrence entre les producteurs. Sans compter qu’il existe aussi, en dehors de l’Union Européenne, un cahier des charges privé qui labellise de la spiruline nourrie à l’urée et produite industriellement en Asie ou en Amérique du Sud, souvent de moindre qualité. Car on peut vendre de la spiruline en France sans en préciser l’origine.

« Economiquement c’est plus dur de ne pas avoir le label ». Mathieu ne peut pas vendre que sur les marchés, il doit aussi écouler sa spiruline dans les pharmacies et les magasins, qui préfèrent le label bio.  

UN AVENIR PROMETTEUR MAIS FRAGILE

La spiruline reste difficile à vendre : les producteurs n’ont pas le droit d’en vanter les bienfaits sur la santé et doivent adopter un discours créatif. Ils doivent aussi trouver le temps d’écouler leur production. « Je devrais vendre 20% de plus mais l’été je produis et l’hiver il y a moins de marchés » conclue Mathieu qui, comme beaucoup d’agriculteurs, touche le RSA.

Alors que 90% de la spiruline vendue en France est importée, il reste manifestement une place importante à la culture de spiruline française ! Qui plus est, toutes les propriétés de la spiruline ne sont pas encore connues, plusieurs recherches sont en cours. La NASA ou l’Agence Spatiale Européenne explorent des écosystèmes viables sur des longs séjours spatiaux. Les scientifiques étudient ses propriétés antivirales et anti cancéreuses, elle réduirait aussi le cholestérol de façon significative. En clair, la bactérie est loin d’avoir révélé tous ses secrets !

[1] www.spiruliniersdefrance.f